A Peut-être qu’il faut remonter dans le temps, prétendre qu’il y a une ligne de démarcation entre avant et maintenant, prétendre qu’on pourrait démarquer le temps, comme si on l’avait initié.
K Ils nous ont obligéà nous occuper rien que d’eux, tout ce temps, tandis que, tout ce temps, ils nous occupent.
A Des lustres
K Combien de temps ?
A Tu te mets encore sur leurs pas
K Peut-être qu’il faut le faire. Peut-être qu’il faut évoquer le calendrier de nos ancêtres, qui remonte à 4237 ans avant le calendrier grégorien.
A Tout récemment,je suis tombée sur une vidéo de youtube avec une conférence du professeur Diop.
K Attends,t’as bien dit youtube ? Tu vis dans notre temps ? Tu regarde youtube toi ?
A Youtube n’est pas autre que ce que les humains aiment faire à tout temps avec les ressources de nos Terres…Se répliquer, se mirer, se vider pour mieux se remplir.
K C’est dur dur d’être un humain.
A Surtout en temps qu’être masculin. Car on lui aurait appris que sa force physique est une force suprême, jusqu’à oppresser ceux que la chance aurait créé avec une autre variation créatrice.
K Et pour l’être féminin ?

A Les masculins la regarde comme un être faible.
K Ils la craignent. Tout être digne de porter en soi une création a une disposition de balancer, et elle-même, et les êtres entourés, ça la place aux côtés de l’invisible mouvant, et tout ce qui se meut sans devoir paraître apparaît énorme aux yeux de ceux qui sont sans cesse en manque.
A Ah, le manque ! Cette disposition masculine…!
K Quand le savant Hampâté Bâ parle, de ces ouvertures supplémentaires qui fait de l’être féminin un être divin, on ose à comprendre combien supplémentaire fait complémentaire, et l’aspect complémentaire en dit long sur le manque du masculin….
A ….Et sur le supplément du féminin.
K Bien. Où étions nous ? Ah oui, je vois. Remonter dans le temps. Combien de temps ? Tu dis bien plus que 4236 ans peut-être ?
A Ca ce n’est que pour retourner dans le calendrier de nos mères égyptiennes. Mais calendrier dit démarcation, dit que le temps passait bien avant que l’on ait arrêté.
K Attends un peu, tu es trop rapide, bien que très lent, comme tous ceux qui sont dans le temps… Mais attends un moment, que je pose mon airpod sur le gazon.
A Airpod, ça c’est quoi encore ? Une nouvelle invention du temps, de l’air et de la Terre ?
K Tu connais les humains, ils aiment se mettre au centre de tout
A Surtout les constructeurs, les meilleurs destructeurs…
Un vent passa qui mouvementa les feuilles de l’arbre sous lequel ils s’étaient médité, le temps d’un souffle.
A Ça fonctionne comment ?
K Comme leur connexion d’aujourd’hui.
A Encore la construction de la connexion. Les champs électromagnétiques ?
K Exact.
A Tu parles comme ceux qui construisent le temps.
K Qu’est-ce que tu veux que je te dise…Après tout ce temps qu’ils ne nous lâchent pas on a tendance à les imiter.
A Alors que ce sont eux qui ne cessent de nous imiter.
K Non, tu te trompes. Ils nous pillent. Ce n’est pas la même chose.
A En tout cas. Qu’est-ce que tu écoutes dans ces produits de temps ?
K Ah, ça, attends, je vais te faire écouter tout de suite. Mais avant, arrêtons-nous sur nos mères du temps. Aujourd’hui, l’une d’entre elles, une récente, m’a accompagné dans les pensées. Mariama Bâ et sa « (…) si long lettre ». J’ai retenu mon souffle, quand sa protagoniste sans nom et sans visage, d’un coup, se prononce, et revendique sa voix par-dessus les besoins de soumissions des masculins.
A Ces mots, je m’en souviens bien, ils retentissent sous la Terre. Après ses 30 ans de silence, et 40 jours de deuil, ça vibre fort sous les roches.