Un temps de repos, chaque voyage en a besoin, ici et là, pour re-connaitre, com-prendre, prendre ce que le corps a retenu, comprendre comme le retenait Henri Maldiney, ce philosophe Lyonnais que tu aimais revisiter, avant de retourner près de tes proches, sur les collines du mont…
A : …le mont Sinaï ?
K : Non, celui-là tu l’as franchi après avoir dépassé celui qui t’as trop longtemps retenu
A : Tu parles du mont Olympe ?
K : Certainement. Si les anciens Grecs se réfèrent bien à la philosophie comme une science apportée par notre Terre,
A : Platon en parle dans « Phèdre »
K : Platon, Hérodote, bien des gens sages savent ce que sait que de retenir, mais de l’autre côté de la rive, bien de gens malsaines ont détourné le cours des choses, en découpant les racines, et leur descendants ne s’en rendent plus compte, ou bien, sont trop habitués à ne pas penser, à juste se contenter. Non, ce n’est pas aux descendants des Grecs, des Romains, des Gaulois, des Celtes, ce n’est pas au mont Olympe que je pense. L’unique bonne chose, aujourd’hui, que ce nom m’insinue est celle qui a porté ce nom, en portant une lutte pour l’humanité,
A : Olympe de Gouges,
K : Olympe de Gouges,
A : Elle aussi tu l’as franchie,
K : Franchir c’est trop dire, elle fait partie de celles qui me donnent l’élan de tendre le regard vers l’horizon, d’y projeter ma pensée, mon corps, une réalité que mes parents avait quittés,
A : À cause de cette occupation des descendants de
K : ceux qui descendent
A : Les oppresseurs d’aujourd’hui, les oppresseurs d’antan
K : Je ne peux plus tourner autour d’eux et de toutes ces choses qu’ils ne cessent de détourner, il me faut m’occuper de ceux qui protègent nos terres,
A : Après tout

K : Après tout. Après tout ce temps. Enfin, grâce à leur patience et les signes de soin qu’elles m’envoient dans l’atmosphère, j’ai pu tendre mon pas vers le vent qui souffle au-dessus des avocatiers vocatifs, au-delà des terres engrainées, et à peine endormies, sur le mont
A : de Kigali
K : Me voici, évoquant l’Énergie qui voyage dans le monde,
A : Et se couche à Kigali,
K : évoquant les enfants qui aimaient se balader de ce côté,
A : Et que la légende veut qu’ils ont dû terminer leur jeu du côté de ces alleux,
K : les parents s’inquiétaient des enfants, tu sais qu’il faut protéger les êtres proches de la divinité,
A : même s’ils jouaient avec le bien connu,
K : même si les bien connus sont des bienveillants,
ils vont leur apprendre à se distancer, prendre du recul pour mieux appréhender,
A : Ils n’iront pas si loin, surtout les bienveillants, ils diront juste « ne parle pas avec l’inconnu », pour leur bien,
K : Et si les enfants demanderont pourquoi,
A : T’inquiète, tout enfant est philosophe, ils demanderont pourquoi,
K : Qu’est-ce donc à répondre,
A : La vérité : que l’être humain est comme tout être, comme tout ce qui vit, incontrôlable dans son agencement, même dans les bons. L’enfant n’a pas assez de recul par rapport à ce qui fuit, à ce qui fait sa vie, il a besoin de vivre, apprendre la danse rythmée, entre se contrôler et se lâcher, hésiter et arpenter, se donner et s’abstenir,
K : À tous ces désirs
A : Mais où en venir ?
K : À la source de mes méandres,
A : au mont Kigali,
K : en amont, j’irai rendre visite à l’esprit des Rastafari
A : La Déesse des défenseuses des droits des Existants
K : Celle qui possède tant de choses, et tant de choses pour déposséder les terres et esprits occupés.
A : Tu iras lui rendre visite pour te déposséder des gens et des choses qui possèdent ce temps, tout ce temps.
K : Ce temps. Après tout. Tout ce temps qui m’a pris. Après tout ce temps, je prends un temps,
A : Un temps infini…
K : …Avec la Déesse…
A: …La Déesse Nyabinghi